Le faux mythe de la vitesse
Depuis vingt ans, l’écosystème entrepreneurial est traversé par une fascination quasi mystique pour la vitesse. On érige en modèles les start-ups capables de « disrupter » leur marché en un temps record. On cite en exemple les champions des levées de fonds éclair, les passages de zéro à un million d’utilisateurs en quelques mois. La rapidité est devenue une valeur en soi, parfois même un substitut à la lucidité.
Or, cette quête de la vitesse cache souvent une réalité plus trouble. Combien d’entreprises perdent leur cap à force de vouloir aller plus vite que leur capacité de structuration ? Combien de dirigeants étouffent sous des strates de décisions mal alignées, de projets lancés trop tôt ou de comités qui freinent plus qu’ils ne fluidifient ?
Accélérer, ce n’est pas agiter plus fort. C’est aller droit au but. Et cela suppose, en amont, de savoir ce que l’on veut vraiment atteindre.
L’impasse des modèles standardisés
Pendant longtemps, l’accélérateur a été conçu comme un outil de croissance pour start-ups précoces : mentorat, formation express, pitch devant investisseurs. Une recette qui a eu son utilité, notamment pour des structures sans expérience ou réseau. Mais appliquée sans discernement à des PME, à des scale-ups ou à des entreprises déjà établies, cette approche devient un masque. Elle oublie l’essentiel : chaque entreprise avance à son propre rythme, avec ses tensions internes, ses dépendances invisibles, ses arbitrages culturels.
Il ne suffit pas de calquer des méthodologies. Il faut les adapter. L’enjeu n’est pas de créer une accélération théorique, mais de construire un mouvement réel, inscrit dans la complexité de l’organisation, dans ses moyens, ses valeurs et ses capacités d’exécution.
Un véritable accélérateur doit être plus qu’un programme. Il doit devenir un partenaire stratégique de lucidité.
Une nouvelle approche : l’accélération utile et lucide
C’est cette conviction qui m’a conduit à repenser en profondeur la manière dont on accompagne la croissance. J’ai conçu une approche différente, plus exigeante, plus fluide, plus alignée avec les besoins réels des dirigeants.
L’accélération utile repose sur quatre piliers. D’abord, la clarté stratégique. Avant de foncer, il faut savoir ce qu’on veut éviter et ce qu’on veut servir. Cela suppose un travail sans concession sur les priorités, sur la capacité à renoncer, sur la concentration de l’effort.
Vient ensuite l’exécution mesurable. Une stratégie n’a de valeur que si elle produit des effets. Je construis avec les entreprises un tableau de bord vivant, appuyé sur la donnée, intégrant les outils d’intelligence artificielle. Ce pilotage permet de réagir rapidement, d’ajuster sans tergiverser, de sortir du flou.
Troisième pilier : la gouvernance fluide. Il s’agit ici de libérer les dirigeants du carcan des comités paralysants, de restaurer la responsabilité individuelle, de redonner à l’équipe dirigeante sa capacité d’arbitrage. Une entreprise ne peut pas avancer si ses décisions stratégiques sont prises au compte-gouttes.
Enfin, l’alignement humain. Une direction claire et une exécution efficace ne suffisent pas si les équipes n’adhèrent pas. Le travail ici consiste à reconnecter les talents, à créer du sens commun, à restaurer un dialogue stratégique entre la direction et le terrain.
Trois formats pour agir avec précision
Cette méthode est déclinée en trois formats, conçus pour répondre à des besoins réels et concrets.
Le premier est le Diagnostic Flash. En 10 jours, il est proposé un regard externe, structuré, lucide pour identifier les zones de friction, les gisements d’efficacité, les erreurs de priorisation, afin, de livrer trois leviers à activer immédiatement.
Le second est le Sprint d’Accélération. C’est un format d’intervention en 30 jours, en co-pilotage avec le dirigeant et son équipe. L’objectif est clair : faire en un mois ce qui prend généralement un trimestre. Cela passe par des décisions stratégiques prises rapidement, un MVP réellement testé, une automatisation entamée et une gouvernance opérationnelle réajustée.
Enfin, pour les entreprises prêtes à changer d’échelle, il est proposé l’Accélérateur Stratégique. C’est un accompagnement de 90 jours, destiné à construire une dynamique pérenne. Il comprend l’alignement exécutif, la mise en place d’un cockpit stratégique, la fluidification des circuits décisionnels, le coaching individuel du dirigeant et la synchronisation managériale.
Un modèle suisse de l’accélération
Je crois à une forme d’accélération ancrée dans notre culture : précise, discrète, efficace. Une accélération qui ne sacrifie pas la rigueur sur l’autel du tempo. Une accélération qui ne promet pas l’hypercroissance pour tous, mais qui garantit aux bonnes idées de ne pas échouer faute de structure, de méthode ou de courage.
Nous avons besoin d’un modèle suisse de l’accompagnement entrepreneurial. Un modèle qui respecte la singularité des entreprises tout en les aidant à agir plus vite et mieux. C’est ce que je m’efforce de bâtir avec cette approche.
En conclusion : faire gagner du temps à ceux qui ont de l’impact
Accélérer n’est pas une fin. C’est un moyen. Le moyen de faire émerger ce qui compte vraiment, et de couper ce qui parasite. Dans un monde saturé de promesses et d’outils, la rareté est ailleurs : dans la capacité à décider vite, à exécuter proprement et à rester fidèle à ce que l’on veut vraiment construire.
C’est cette rareté que je propose de mettre au service des entreprises avec lesquelles je travaille. Avec méthode, avec ambition, mais sans illusion. Pour que leur énergie ne soit pas diluée. Et que leurs projets ne restent pas en suspens.