La Suisse, terre d’innovation pragmatique
Depuis plusieurs années, les écosystèmes d’innovation ont vu naître des structures puissantes : incubateurs, accélérateurs, start-up studios, hubs technologiques. Ces formats ont largement contribué à structurer l’entrepreneuriat technologique, à dynamiser les investissements et à ancrer la culture de l’expérimentation dans le monde des affaires.
Mais en Suisse, cette dynamique ne s’est pas toujours traduite de manière inclusive vis-à-vis des PME, qui représentent pourtant l’épine dorsale de notre économie. Dans un pays où la stabilité, la rigueur et la durabilité sont des valeurs cardinales, l’accompagnement des entreprises ne peut pas se résumer à des formats standardisés ou à des logiques de levée de fonds.
Il manque aujourd’hui un modèle suisse d’accélération, pensé non pas comme une déclinaison locale des modèles californiens, mais comme un outil stratégique, sobre, et adapté à la réalité des PME.
Les limites des modèles existants… pour les PME
Il ne s’agit pas ici de critiquer les incubateurs ou accélérateurs existants.
Leur efficacité n’est plus à démontrer pour un certain type d’entreprise : jeunes, agiles, innovantes, avec une orientation produit forte et une stratégie d’hypercroissance.
Mais les PME suisses, elles, ont d’autres caractéristiques :
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Elles existent souvent depuis plusieurs années, voire plusieurs générations.
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Elles ont une clientèle fidèle, un réseau solide, un ADN enraciné.
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Elles investissent dans la durée.
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Elles cherchent à croître sans se dénaturer.
Leur enjeu n’est pas de créer un pitch deck pour séduire des VCs.
C’est de structurer leur gouvernance, d’aligner leurs équipes, de maintenir leur compétitivité sans sacrifier leur cohérence.
Aujourd’hui, peu de dispositifs d’accompagnement leur parlent vraiment.
Et beaucoup de dirigeants avancent seuls, parfois dans l’inconfort, souvent dans l’ambiguïté.
Un nouveau besoin : accompagner la transformation stratégique
Dans ce contexte, une idée prend forme : créer un accélérateur d’un nouveau genre, pensé spécifiquement pour les PME suisses.
Un dispositif qui ne cherche pas à les transformer en start-up, mais à leur permettre de retrouver leur capacité de mouvement, à travers :
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une meilleure lisibilité de leur stratégie,
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une gouvernance fluide,
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une exécution pilotée,
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et un alignement humain durable.
Il ne s’agit plus de promettre la croissance par l’intensité.
Il s’agit d’obtenir de l’impact par la clarté.
La proposition : un accélérateur suisse de lucidité
Cet accélérateur ne serait ni une infrastructure, ni une plateforme.
Il s’agirait d’une méthode d’accompagnement sur-mesure, déployée en entreprise ou à distance, avec des outils simples et robustes, adaptés à la réalité du dirigeant PME.
Sa philosophie :
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Clarifier avant d’agir.
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Réduire avant d’accélérer.
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Exécuter sans inertie.
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Reconnecter la stratégie et l’opérationnel.
Quatre leviers pour structurer l’action
1. Clarifier la trajectoire
Une entreprise qui accélère dans le flou s’expose au surmenage stratégique.
Clarifier, c’est choisir. C’est décider ce qui est essentiel et ce qui ne l’est plus. C’est créer une cohérence de fond entre ce que l’entreprise dit, fait, et incarne.
2. Réorganiser la gouvernance
Trop de comités, trop de points ouverts, trop d’arbitrages non assumés.
Repenser la gouvernance, c’est redonner de l’agilité au pilotage, restaurer la confiance décisionnelle, simplifier les circuits et faire vivre les organes de direction.
3. Structurer l’exécution
Une stratégie ne vaut rien si elle n’est pas suivie. Il faut une exécution pilotée, appuyée sur des tableaux de bord vivants, une priorisation des actions, et une capacité à boucler les sujets en continu.
L’IA peut ici jouer un rôle, à condition qu’elle reste au service du jugement humain.
4. Aligner les équipes
Une entreprise fragmentée ne peut pas avancer vite.
Il faut un travail sur l’adhésion collective, la synchronisation entre métiers, et la diffusion du sens. L’alignement n’est pas un luxe : c’est une condition d’exécution durable.
Trois formats pour atteindre les objectifs
Pour s’adapter aux niveaux de maturité, trois formats doivent être proposés :
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Flash 10 jours : une photographie lucide et rapide, trois leviers clés à actionner.
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Sprint 30 jours : un mois pour enclencher une nouvelle dynamique.
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Accélérateur 90 jours : une refonte progressive mais structurée du système d’action.
Un modèle suisse : rigueur, précision, utilité
Ce modèle n’a pas vocation à remplacer les accélérateurs existants. Il vient en complément. Il comble un vide.
Il propose une autre vision du progrès entrepreneurial : maîtrisé, sobre, réaliste.
Il repose sur une posture stratégique : écouter avant de prescrire, comprendre avant d’implémenter, accompagner avant de transformer.
C’est une accélération au service de la cohérence, pas de la vitesse.
Une méthode qui respecte la complexité des entreprises établies et les aide à retrouver leur capacité de décision.
Une démarche collective à initier
La question n’est pas : « faut-il un accélérateur suisse pour les PME ? »
Elle est plutôt : « comment co-construire un outil qui respecte leur logique, leur tempo, leur culture ? »
Les réponses ne viendront pas d’un seul acteur.
Elles viendront d’un écosystème de dirigeants et d’experts capables de créer ensemble un modèle utile, structurant, durable.